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texte d'exposition

Fabien Giraud & Raphaël Siboni

Une machine simple

FABIEN GIRAUD & RAPHAËL SIBONI
Une Machine Simple
13.09.2015 > 15.11.2015

Une « machine simple » est un terme forgé au XVIIIe siècle pour décrire un dispositif mécanique capable de changer la direction ou la magnitude d’une force. Classiquement, il y a six dispositifs élémentaires : le levier, la roue, la poulie, le plan incliné, la cale et la vis. L’exposition est conçue comme une adition à cette liste. Elle repose sur l’hypothèse qu’une exposition – n’importe quelle exposition – pourrait bien n’être rien d’autre qu’une nouvelle tentative imparfaite et rudimentaire dans cette mécanique d’inflexion.

Pour leur exposition à Netwerk, Fabien Giraud et Raphaël Siboni (nés en 1980 et 1981, vivent et travaillent à Paris) présentent deux facettes de leur recherche.

Dans la Galerie Principale, ils montrent et opposent deux types de « mesure » : La Mesure Végétale et La Mesure Minérale. Les deux œuvres sont la continuation d’expérimentations cinématographiques initiées au Louvre en 2011 et confrontant les fondements historiques du musée moderne – ici entendu comme la tentative des Lumières de mettre le monde à la mesure de l’homme. Que ce soit en confrontant la caméra avec la vision destructive d’un accélérateur de particules (La Mesure Louvre, 2011), en synchronisant notre expérience d’un musée de minéraux à l’immensité de l’échelle du temps géologique (La Mesure Minérale, 2012) ou en suspendant notre vision dans le voisinage gelé d’une réserve de semences arctique (La Mesure Végétale, 2015), chaque film de cette série opère une dé-mesure de ces institutions et de l’anthropocentrisme qu’elles induisent.

Dans le Cinéma, ils présentent les trois premiers épisodes de The Unmanned – une série de films racontant à rebours une histoire non-humaine de la technique. Eliminant toute conception instrumentale de la technique et faisant de l’homme une simple expression de son mouvement, la série retrace une histoire « non humaine » de la technique – à l’instar des vehicules inhabités des guerres contemporaines. Elle s’ouvre en 2045 avec la mort de Ray Kurzweil au seuil de la ‘singularité technologique’, – et remontant le temps, fait de chaque date, de chaque inflexion, le point de bascule d’une histoire alternative.
La série The Unmanned est constituée de trois saisons comportant chacune huit épisodes. La première saison (2045-1542) retrace une histoire discrète de la technique en explorant l’invention du calcul moderne et son automatisation.
Le nouvel épisode de cette première saison, La Mémoire de Masse, se déroule en 1834 à Lyon pendant la révolte des Canuts. Appelée « Sanglante Semaine », ces émeutes naissent notamment en réaction aux effets de l’automatisation du travail par les métiers à tisser Jacquard et leurs cartes perforées, premiers systèmes à « mémoire de masse » permettant le stockage de motifs complexes. Ainsi s’inaugurent les mouvements de révolte ouvrières du XIXe siècle, contre ce qui deviendra un jour l’informatique. Entièrement générée par ordinateur, la séquence d’émeute qui scinde le film en deux opère un renversement de l’Histoire en transformant une révolte contre l’algorithme en un algorithme de révolte. Au delà de cette simple vexation historique, La Mémoire de Masse déploie une double simulation ; à la fois reprise d’un passé advenu et prédiction d’un devenir tout autre.

Fabien Giraud et Raphaël Siboni ont récemment exposé au Palais de Tokyo à Paris, au Casino Luxembourg, aux biennales de Santa Fe et de Moscou. Ils participent en ce moment à la biennale de Lyon – La Vie Moderne – dans laquelle leur dernière œuvre 1834- La Mémoire de Masse est également présentée.