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Robbert&Frank Frank&Robbert

A Bit Beyond PINGPONG

‘Pour une raison quelconque, le ping-pong m’est venu tout naturellement, donc j’ai commencé à jouer tout le temps. Je jouais au ping-pong même lorsque je n’avais personne avec qui jouer au ping-pong.’ Forrest Gump

Si nous considérons les artistes comme un baromètre des changements qui surviennent dans nos sociétés contemporaines, c’est un résultat haut en couleur que donne le travail du duo F&R R&F. Comme une machine bien huilée, parfaitement accordée à l’air du temps et marchant au rythme d’un monde de plus en plus globalisé, ils amassent, rapidement, matière à faire œuvres variées. Arts plastiques, vidéo, théâtre, performance… le monde multidisciplinaire de F&R R&F est une super-Nation dont rien n’entrave la croissance.

Robert&Frank se sont rencontrés à l’âge de 15 ans, pendant leur scolarité dans le secondaire au Koninklijk Atheneum de Courtrai. Une passion partagée pour la culture américaine, la vie quotidienne dans l’espace, le symbolisme spirituel, les rituels en tous genres et la rhétorique politique ont très vite constitué les bases d’une solide amitié. Cette collaboration amicale s’est transformée en pratique professionnelle partagée après l’obtention de leur Master en Design Multimedia au KASK de Gand.

Dans A Bit Beyond PINGPONG, le duo nous entraîne dans un aventureux voyage et, pour la première fois dans une exposition, nous donne les clés d’une compréhension profonde de sa méthode de travail. Quatre espaces distincts sont transformés en mini-univers à l’identité et à l’esthétique propres. Chacun porte le nom d’une marque quasi oubliée de table de tennis datant de la fin du siècle dernier: Gossima, Flim-Flam, Pim-Pam et Whiff-Whaff. F&R R&F jouent un jeu de ping pong conceptuel, se décochant l’un l’autre des idées à un rythme endiablé. De cette double dynamique réflexive et de leur identité artistique partagée naît un code linguistique imagé qui leur est propre. Immergés dans un contexte culturel commun, armés d’un arsenal d’éléments visuels tirés de la culture populaire occidentale, c’est une nouvelle réalité qu’ils construisent autour d’eux. Aucune culture, aucune religion, aucune idéologie politique, économique ou scientifique ne sort indemne de leurs jeux associatifs. Et parmi les 1001 niveaux de sens que contiennent leurs travaux, vous pouvez également être sûr de trouver des références soigneusement placées à leurs projets plus anciens.

En concevant cette exposition, F&R R&F ont opté pour une approche thématique spécifique, mais aussi pour une attitude critique et engagée à l’égard de la société. Dans l’exposition, cela se traduit d’abord par une sorte de moteur de recherche analogique qui se présente sous la forme d’une accumulation de liens et de fenêtres gigognes. Mauvais esprits et démons sont maintenus à distance grâce à une scénographie Feng Shui, mais tout l’espace est généreusement pimenté de blagues et de détails ironiques. Les thèmes choisis reviennent à plusieurs endroits du parcours, avec une saveur différente dans chaque espace.

Dans Gossima, nous nous délectons de voir le pouvoir destructeur se débattre dans l’huile et les industries des (super)food, aujourd’hui tellement liées à la recherche universelle du bonheur et de l’image parfaite de soi. Ou comment une économie perverse de la course à la réalisation individuelle (massive) peut conduire à une forme extrême de frénésie pour le pedigree. Dans la vidéo _Flim-Fla_m, il est parfaitement clair qu’au centre de cette débâcle se trouve une idéologie dictée par un panthéon énigmatique d’athlètes au sommet, glorifiés jusqu’à l’absurde. La bande son a été co-créée avec Koenraad Vandersyppe, collaborateur des artistes en matière de son.

Mais l’hystérie de masse est compensée par les splendides vues qui s’offrent au sommet de l’exposition, dans le Pim-Pam space. Celui-ci est suivi d’une pièce-de-résistance dans le Whiff-Whaff, où la quête des médailles mondiales est montrée comme une forme cultivée de guerre tribale. Non, le monde du sport professionnel n’a rien d’un pique-nique, même s’il se présente comme un vecteur de créativité individuelle. Et cela vaut aussi pour la fabrication de pistolets bricolés. Cet espace est-il un dépôt d’armes paramilitaire ou un parc à thème commercial ? L’expérience dépend-t-elle du fait qu’on y entre à gauche plutôt qu’à droite ? Et quel prix faut-il gagner ici ?