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Leen Voet

Sint-Rita

Leen Voet
Sint-Rita
07.04.2013 > 16.06.2013

STUDIO
L’original et le double, l’acte de copier et le processus mental qu’il implique sont des éléments récurrents dans le travail de Leen Voet (1971, vit et travaille à Bruxelles), qui comprend dessins, peintures, collages et projections. Le statut d’objet artistique s’y trouve questionné. L’authenticité, l’aura de l’original, la na- ture ambiguë de la reproduction y sont en jeu. Plus qu’un travail, c’est un processus artistique de travail éclairé, qui ménage une place à la sensibilité et à l’intelligence. Ses objets bancals, fruits d’un travail ma- nuel, reproductions de ses propres productions ou de celles des autres, mettent en doute la fascination occidentale pour l’authenticité et pour l’acte créatif supposé irrévocable et irréversible.

C’est l’attirance fétichiste pour les églises qui sous-tend, tel un leitmotiv, la création de ces nouvelles pièces. Cet intérêt a germé, d’une certaine façon, au cours d’un projet lié à Felix De Boeck. Entre 2009 et 2010, Leen Voet a réalisé 774 dessins inspirés du travail du célèbre peintre flamand. Le corpus entier de ces dessins a été rassemblé dans le livre d’artiste Felix. Reproduire l’œuvre d’autrui compulsivement et intensivement sur une aussi longue période laisse des traces. L’idée de la subjugation d’un individu par le pouvoir d’un autre a cristallisé dans son travail actuel. Ses peintures représentent des églises, construites pour la plupart dans les années 1960 et 1970, et qui ont en commun le fait d’être dédiées à un saint parti- culier, dont elles portent le nom. Mais le saint est également présent dans l’espace intérieur, sous forme d’objets. Le travail de Leen Voet est né d’un étonnement face à cette pratique. Prises dans l’installation, les peintures ne sont pas toutes nommées individuellement, bien qu’elles portent silencieusement le nom des églises correspondantes : Jezus Arbeider, Sint-Rita, Sint-Alena, Sint-Bartholomeus, Sint-Pius X. Le contexte artistique dépouille ces dernières de leur sacralité ; elles sont réduites à des objets.

L’exposition se présente comme une installation complète de peintures et de sculptures incluant des élé- ments spécifiques au lieu d’exposition, tels l’éclairage, le passage adjacent et la mosaïque de la fenêtre. C’est une certaine familiarité avec le lieu que ressent le visiteur en y pénétrant, mais Leen Voet perturbe cette atmosphère avec les œuvres elles-mêmes, qui y figurent tels des extra-terrestres. Dans l’agencement, les sculptures sont utilisées comme supports pour les peintures, ce qui donne une dimension spatiale à la présentation des images. Cependant, leur combinaison déjoue les attentes du spectateur : là où il suspecte un volume, c’est un plan qui s’offre à sa vue, alors que ce qui semble bidimensionnel cache en réalité un volume. La matérialité brute des sculptures, qui contraste avec les couleurs vives des peintures, crée une tension entre le raisonnable et l’irrationnel. L’installation n’impose aucune position morale. Elle ne critique pas l’institution ecclésiale, mais propose tout de même une note de bas de page commentant son pouvoir sur l’individu, la contrainte exercée sur l’expérience personnelle et la liberté individuelle, ainsi que l’impact des choix.