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Texte d'exposition

Christian Nyampeta

Entering From The Inside

Dans ses travaux actuels, qui couvrent cette présentation de résidence, Nyampeta approfondit la notion d’« idiorrythmie » : un concept sur lequel Roland Barthes se concentre dans sa célèbre série de cours au Collège de France, Comment vivre ensemble. Ce concept théologique tire son origine dans l’Antiquité tardive et le début de l’ascétisme occidental et signifie le retrait total de la société, comme les ermites et les proscrits qui cherchaient refuge à cette époque dans le désert nord-africain pour y fonder de nouvelles communautés autonomes. Le terme d’idiorrythmie comporte le mot grec idios (propre, particulier), qui est aussi la racine de mots comme « idiot » et « idiome » ou est lié à des concepts de construction de l’identité, comme « idée ». L’idiosyncrasique « vivre à son propre rythme » et la création d’espace que cela requiert sont mis en regard de la mesure dans laquelle un individu a besoin de contact avec les autres pour pouvoir vivre. Christian Nyampeta applique ce concept comme une sphère d’idées de son engagement artistique. Il en prolonge l’approche éthique jusqu’à une dimension d’hospitalité radicale et inconditionnelle dans laquelle les conversations constituent le terrain où différents idéaux et diverses idéologies assurent l’intégrité de leurs espaces respectifs et peuvent coexister. On pourrait dire que dans ce raisonnement, il adresse une ode au débat public et soulève une question lucide et pressante : pouvons-nous, dans notre Europe décrépite, imaginer une telle hospitalité inconditionnelle ? Et comment pourrait-on donner corps sur le plan esthétique et politique à une telle hospitalité absolue ?

Dans l’Histoire occidentale, le concept communautaire d’« hospitalité » est défini par des notions gréco-romaines, influencé par la tradition judéo-chrétienne et la philosophie politique de Kant et de Hegel, qui ont été si importantes pour le développement de valeurs humaines considérées comme révolutionnaires et universelles. Dans la tradition identitaire en Europe, l’hospitalité à l’égard de « l’étranger » a toujours été conditionnelle et régulée selon un contrat social avec la nation dominante. L’État obtient de manière intuitive une valeur intrinsèque qui se place au-dessus de l’individu et de la société organique et édicte les règles qui distinguent les citoyens des étrangers, l’accueillant de l’accueilli. Une hospitalité inconditionnelle suppose que nous ouvrions nos portes à d’autres, à des anonymes, et que nous partagions avec eux notre espace sans attendre un quelconque retour sur investissement. Cette forme absolue d’inclusion de bienvenue jette un grain de sable dans le rouage de l’identification du « moi » : l’hôte(sse), qui est chez lui – ou chez elle –, revient dans l’espace où il – ou elle – vit et auquel il – ou elle – est émotionnellement le plus attaché(e) par le biais d’un(e) invité(e) inconnu(e). Dans sa présentation, Christian Nyampeta donne du temps et de la latitude à la question centrale et visualise la pensée qu’elle génère dans un paysage de « structures hospitalières ».

Entering From The Inside est monté comme un atelier qui invite à entamer une méditation sur la mise en pratique d’une hospitalité inconditionnelle. L’exposition inclut la radio en ligne Radius, qui propose un programme ouvert de sessions en direct et d’enregistrements de terrain que l’on peut également activer librement tout au long de l’exposition, ainsi qu’un dessin mural panoramique qui évoque l’actualité et la valeur de la fuite et l’érige en proposition de nouvelle monnaie européenne. Des éléments de siège sont disposés dans l’espace, où l’on peut lire des extraits de documents sur les rencontres hétérogènes de Nyampeta qui se sont déroulées selon diverses formules et dans différents lieux.
Dans ce contexte, les vidéos de conversations avec des philosophes non européens qui tiennent toutefois un discours intéressant sur la pensée occidentale sont essentielles. Ce brassage de conversations entre membres, personnes extérieures et nouveaux membres de notre/nos communauté(s) donne lieu à la création, l’usage et le partage de temps et d’espace. La collaboration de l’artiste avec d’autres artistes amis et avec des chercheurs, comme Noah Angell, Jean Paul Martinon, Isaïe Nzeyimana et Tom Richards qui livrent une contribution à partir de perspectives géographiques et culturelles très diverses est caractéristique de sa démarche. Des téléchargements et des transcriptions de conversations et de prises de vue ainsi que d’autres « documents » mis en ligne durant la période de résidence seront ajoutés au fur et à mesure à la présentation.

Pendant le week-end d’ouverture de Radius, l’artiste Noah Angell basé à Londres, présente deux sessions de radio sur Radius à Netwerk.

1. In a cell lit by singing fireflies – live on Radius, on Friday 22 April 2016, 4 – 5pm
In a cell lit by singing fireflies guides us through an auditory cinema of desire, distance, and bodily rhythm. We are transported by a few select categories of ethnographic field recordings: Love songs transmitted via bird and insect messengers, a form which carries the voice beyond its audible range to the ears of the desired recipient, prison songs where the yearnings of the incarcerated fail to reach their loved ones, but instead reverberate unheard in concrete cells, and by the maternal resonances of bass immersion as exemplified in recordings of gongs – which recall the warm and watery sound filters of the womb.
Featuring recordings from Papua New Guinea, Bulgaria, France, Mississippi and Vietnam.
Everyone is welcome to tune online or to attend the performance in the studio.

2. Sunday Live radio session, 25 April 2016, 4pm to 6pm
On Sunday afternoon Noah Angell and Christian Nyampeta will preside over a live broadcast of gospel and country blues from the Southern United States recorded mostly during the post-industrial period of the 1960s onward. Angell and Nyampeta will discuss the music’s links to systems of labour, religion and politics as they existed in the American South at that time, and as they continue today.

Nous vous invitons à suivre le programme de Radius avec des contributions en direct de Noah Angell en ligne sur la page d’exposition sur netwerk-art.be.

Christian Nyampeta est un artiste qui vit et travaille à Londres. Il est doctorant au département de culture visuelle de la Goldsmiths University of London. Ses recherches portent sur l’idiorythmie, un concept décrivant des imaginaires utopiques tirés de l’ascétisme le plus ancien, proposé dans le livre de Roland Barthes, Comment vivre ensemble, et dans la philosophie africaine subsaharienne. Ses activités en cours incluent des contributions à des programmes de recherche tels que Another Roadmap Africa Cluster. Parmi ses expositions récentes: Through the Fog: Descripting the Present, une exposition de groupe à State of Concept à Athènes, faite par Nick Aikens; Prix de Rome 2015 au Appel Arts Centre, Amsterdam; How to Live Together: Prototypes, The Showroom, Londres; New Habits, exposition d’un groupe de recherche organisée par Casco – Office for Art Design and Theory, Utrecht; How To Live Together à Casco et à Stroom Den Haag entre 2013 et 2014. Les prochaines activités comprennent: une contribution à la biennale de Gwangju 2016, le Jerusalem Show 2016 et la biennale de Venise 2017.

Cette exposition solo est l’aboutissement d’une résidence à Netwerk dans le cadre d’un projet de Creative Europe, Understanding Territoriality (Comprendre la Territorialité.