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Clean Speech & Soap

Goele De Bruyn

Netwerk

Goele De Bruyn
Clean Speech & Soap
11.10.2013 > 17.11.2013

L’œuvre de Goele De Bruyn (1963) inclut sculptures, dessins, installations, interventions dans l’espace et mises en scène publiques. Son travail joue souvent sur la frontière entre fonctionnel et non-fonctionnel. Il n’est pas rare que des thèmes ou des objets exploités dans des œuvres précédentes soient réutilisés, imités ou réintégrés sous une nouvelle forme. La profusion des possibilités de réemploi crée un nouveau point de départ potentiel. L’évolution cyclique de l’œuvre de Goele De Bruyn fait apparaître, de manière sous-jacente, la multiformité du concept de beauté, sans cesse déplacé par la vie quotidienne. La polysémie de la langue est un autre leitmotiv de sa recherche artistique. La beauté peut être une expérience artistique, mais peut aussi surgir de l’élimination de l’injuste, ou de l’impur. L’artiste utilise souvent des matériaux absorbants qui rendent visibles les processus d’effacement, d’extraction ou d’élimination des impuretés. A un niveau plus complexe, l’esthétique rejoint ici l’éthique, où l’idée de nettoyage prend une coloration plus sociale. C’est aussi l’une des manières de réussir une œuvre d’art. L’artiste elle-même, avec philosophie, décrit ces éléments du processus créatif comme participant d’une aspiration sociale plus générale à l’authenticité et à la pureté, et d’un désir ardent de changement qui peut conduire à des formes de consolation ou de protection contre l’impureté dans la vie quotidienne.

L’œuvre située au premier étage dans le passage a pour titre Z.t. (les mains sales) 1998-2…. La réactualisation de cette installation est l’aboutissement d’une longue histoire, qui a commencé par un attrait pour la matière plutôt que par un questionnement esthétique. En 1998, Goele De Bruyn s’est mise à demander aux habitants de son quartier leurs vieux morceaux de savonnettes. Petit à petit, ces restes ont été précautionneusement catalogués. Au fil des années, la collection s’est étoffée à un rythme non-systématique. Le processus a été répété à Pékin, à l’occasion d’une résidence. Après la seconde partie de cette résidence en 2013, les deux collections ont été réunies à Netwerk, et les nouveaux restes de savons récupérés en Chine seront réinstallés au cours d’une performance le week-end du vernissage. Soigneusement disposés sur deux tables, ces objets sont presque entièrement débarrassés de leur attribution ménagère et domestique. La mise en scène, qui les transforme presque en pierres précieuses, fait l’effet d’une table rase. Erodés, présentés dans un contexte artistique, ces produits conçus pour le nettoyage sont ici haussés au rang de collection de minéraux ou de restes archéologiques.

Sera également montrée, pour la première fois, une œuvre constituée de 23 buvards suspendues à des câbles, Z.t. (laten we het begin vergeten) 1998-1999. Les formes pastel et transparentes que l’on voit sur le papier viennent de vieilles cartes de vœux colorisées, jadis envoyées à l’occasion d’évènements importants de la vie d’une femme, de la naissance à la noce. Ici, les écritures s’effacent derrière les images des photographies colorisées. Formes abstraites et suggestives, dépourvues de leurs connotations personnelles et sentimentales grâce à l’osmose picturale et à la fonctionnalité du matériau utilisé, elles apparaissent comme de fragiles mémoires. L’œuvre est ambivalente, pointant la perte de l’origine, mais aussi la nécessité d’y revenir. Chaque feuille contient une lettre imprimée par gaufrage, et l’ensemble forme une phrase faisant référence au principe de table rase, très présent dans tout le travail de Goele De Bruyn.