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Texte d'exposition

Sarah & Charles

An Unbelievable Truth

DI 06.12 2015 - DI 06.03 2016

Le travail du duo d’artistes bruxellois Sarah & Charles promettait déjà beaucoup lorsqu’ils étaient étudiants à HISK (Gand). Deux ans après le succès de leur film Props for Drama: Suspension of Disbelief, ils reviennent avec un nouveau bijou, A day will come my future will be your past. Comment le medium filmique donne-t-il l’illusion que ce que vous êtes en train de regarder a lieu ou a eu lieu ? Le travail de Sarah & Charles porte un coup fatal à la « quatrième paroi », en mettant en lumière les « trucs » généralement gardés cachés, mais sans pour autant se débarrasser entièrement du jeu. Le balancement artistique et philosophique entre la réalité et la fiction donne au film une dynamique mise en scène, qui devient elle-même protagoniste du mystérieux monde de An Unbelievable Truth.

Le film – projeté dans le studio de Netwerk – parle de la vie et de son ressouvenir, des attentes et des déceptions. Nous assistons à la rencontre de deux jeunes femmes confiantes, une journée d’été idyllique. Le sujet de la conversation va de la fugacité à la remplaçabilité des choses, en passant par la nature contradictoire du temps. A plusieurs reprises, l’effet d’illusion est déjoué, lorsque les artistes montrent les actrices enregistrant leur voix en studio. Au beau milieu de cette conversation qui sonne un peu faux, nous voyons deux spéléologues faire la découverte d’une sculpture unique. La caverne de Platon vient à l’esprit. La succession des scènes n’est pas une coïncidence. Le présent est mêlé à des allusions à un passé particulier, et à ce que pourra être le futur. C’est au spectateur de construire le récit, en dépit des « interruptions » des réalisateurs.

Cette dimension ludique est aussi présente dans la scénographie imaginée par les artistes dans la galerie de Netwerk. Le langage visuel employé semble familier au premier abord, mais encourage en réalité le spectateur à trouver d’autres niveaux de signification. De nouveau, il est manipulé. Il y a des fissures dans la « quatrième paroi », qui montrent tout ce qui aurait pu se produire et tout ce qui pourra se produire. Ces fissures atteignent le spectateur non pas seulement sur le plan intellectuel, mais par les canaux auditifs, grâce aux Sounds enregistrés par les deux artistes. Il s’agit d’une série de sons captés comme des mots, installés dans la pièce dans une sorte d’archétype d’environnement sonore. La série des Bricks semble, par ses trous, amplifier l’écho de cette illusion. Dans les vides de l’exposition, le voyage dans le temps pourrait presque paraître plausible ; N’y a-t-il pas, après tout, des raccourcis vers le passé ou le futur ?